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Biennale 2019

Paysages biologiques

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Introduction à la notion de paysage

Le paysage : un héritage pictural ? Le concept d' artialisation : la double articulation Pays/paysage et artialisation in visu/in situ. (Alain ROGER, Court traité du paysage, 1997)

ArtialisationJardin planétaireTiers paysage



Définition du jardin planétaire et du tiers paysage par Gilles Clément1

Définition

Le jardin planétaire représente la planète comme un jardin. Le sentiment de finitude écologique fait apparaître les limites de la biosphère comme l'enclos du vivant.

Diversité se réfère au nombre d'espèces vivantes distinctes parmi les animaux, les végétaux et les êtres simples (bactéries, virus, etc.), le nombre humain étant compris dans une seule et unique espèce dont la diversité s'exprime par les variétés ethniques et culturelles.

Le Tiers paysage 

Fragment indécidé du Jardin Planétaire.

Refuges pour la diversité, constitués par la somme des délaissés, des réserves et des ensembles primaires.

Le délaissé procède de l'abandon d'un terrain anciennement exploité. Son origine est multiple : agricole, industrielle, urbaine, touristique, etc. Délaissé et friche sont synonymes.

« […] une quantité d'espaces indécis dépourvus de fonction sur lesquels il est difficile de porter un nom. Cet ensemble n'appartient ni au territoire de l'ombre ni à celui de la lumière. Il se situe aux marges. En lisière des bois, le long des routes et des rivières, dans les recoins oubliés de la culture, là où les machines ne passent pas. Il couvre des surfaces de dimensions modestes, dispersés comme les angles perdus d'un champ ; unitaires et vastes comme des tourbières, les landes et certaines friches issues d'une déprise récente.

Entre ces fragments de paysage aucune similitude de forme. Un seul point commun : tous constituent un territoire de refuge à la diversité. Partout ailleurs celle-ci est chassée.

Cela justifie de les rassembler sous un terme unique. Je propose « Tiers paysage », troisième terme d'une analyse ayant rangé les données principales apparentes sous l'ombre d'un côté, la lumière de l'autre.

7. Gilles CLÉMENT, Manifeste du tiers paysage, Paris, Sens&Tonka, 2004, pp. 15-18.

Le paysage est par définition un ensemble modifié par l'homme. Il porte l'emprunte des activités humaines tout en relevant de certains critères esthétiques qui le définissent comme tel. Le paysage est ce qui est de l'ordre de la perception. Comme le définit Alain Roger, le paysage est déduit d'un certain mode perceptif de ce qui, à l'origine, relevait du pays. Le pays n' a rien de visuel, il est ce qui résiste, représente le travail des hommes pour en tirer avantage, ou alors ce qui est resté brut. Pour devenir paysage, le pays doit faire l'objet d'une vision esthétisée. Pour exister, le pays passe donc par une artialisation qui s'opère in visu ou in situ1.

Les modèles des jardins, d'une part, avec la tradition de l'Ut pictura hortus soutenue par exemple par René-Louis De GIRARDIN avec la création des jardins d'Ermenonville, façonnent la nature selon les modèles de la peinture. L'art des jardins artialise donc in situ, puisque c'est la nature elle-même qui se trouve transformée et s'agence du même coup en paysage. Ainsi le créateur des jardins d'Ermenonville affirme que « le long des grands chemins, et même dans les tableaux des artistes médiocres, on ne voit que du pays, mais un paysage, une scène poétique, est une situation créée par le goût et le sentiment 2». Les modèles de la peinture travaillent nos regards – « artialisation in visu » - de manière à imposer des modèles perceptifs qui permettent d'identifier du  paysage, c'est-à-dire une portion d'espace capable d'endosser certaines  conditions esthétiques que l'art instaure par anticipation, forgeant ainsi nos regards qui adhéreront à une vision renouvelée. « Le paysage occidental, selon Alain Roger, en tant que schème de vision, est originairement pictural3 ». Ainsi « […] notre expérience, perceptive ou non, esthétique ou non, est artialisée, c'est-à-dire modelée et donc anticipée par des modèles, médiateurs ou opérateurs techniques, comme on voudra les appeler4 ».

Les pratiques artistiques contemporaines portent notre regard sur certaines conceptions paysagères tout en renouvelant les perceptions et les expériences esthétiques que l'on peut en faire. Le monde moderne a généré son lot de paysages, a vu émerger la friche industrielle, les espaces en déshérence. Ainsi de nouvelles représentations sont apparues dans le domaines de l'art, portées par divers médiums, comme la photographie et le cinéma par exemple. Les espaces urbains photographiés pat Thibaut CUISSET définissent de nouvelles fonctions paysagères des espaces urbains délaissés ou lacérés par les réseaux routiers et de câbles électriques, ou encore les glissières de sécurité. Michelengelo ANTONIONI fait de l'usine industrielle et des espaces dévastés qui l'entourent une nouvelle figure paysagère avec le Désert rouge (1964). À l'ère du nucléaire, le film Stalker (1979) d'Andreï TARKOVSKY met en scène l'errance des hommes dans un no man's land où s'effondrent les codes esthétiques du passé. Le groupe de performance Stalker adoptera d'ailleurs pour nomination de leur collectif le titre du film alors qu'ils se déplacent dans les espaces en friche et abandonnés autour de Rome5. Ces nouveaux paysages sont animés par les problématiques du monde contemporain, qu'elles soient scientifiques, économiques, politiques ou écologiques. L'ère anthropocène renouvelle le regard que nous portons sur la nature, notre environnement et nos paysages.

De nouvelles définitions du paysage apparaissent dans le contexte du monde moderne. Ainsi le paysagiste Gilles Clément définit le « tiers paysage6 », ces portions d'espaces oubliées entre deux segments de route, entre des blocs bâtis, des espaces issus des friches, prospérant grâce à leur inexploitation, abandonnés des regards et de la main de l'homme. Ainsi les reformulations de nos imaginaires s'actualisent sous des représentations portant le nom de « paysages », à partir du moment où ces reformulations artistiques renouvellent nos perceptions et nos conceptions en levant certains prédicats , pour enfin laisser advenir du paysage, dont chacune des composantes nous permet de faire une nouvelle lecture du monde. Alors émergent différentes fonctions paysagères, qu'ils soient de l'ordre du biologique, relevant de dynamiques économiques, ou encore dressant de nouvelles organisations, le « paysagement » peut se formuler jusqu'à une échelle cosmogonique.

Au carrefour de toutes ces conceptions et à la confluence du Rhône et de la Saône, Là où les eaux se mêlent, les artistes représentés aux usines Fagor sont amenés à considérer cet ancrage géographique et paysager qui relève physiquement d'une zone bien spécifique, mais qui soulève des enjeux à l'échelle d'un paysage plus large, dans la mesure où le site des usines Fagor incarne tout un pan de l'industrie qui s'étend au-delà des frontières.

1. Alain ROGER, Art et anticipation, Paris, Carré, 1997, p.15.

2. René-Louis DE GIRARDIN, De la composition des paysages, Seyssel, Champ Vallon, 1992, p. 55.

3. Alain ROGER, Ibid, p.15.

4. Ibid, p.9.

5. STALKER, Franchissements, 1998.

6. Gilles CLÉMENT, Manifeste du tiers paysage, Paris, Sens&tonka, 2004, pp. 15-18.

Bruno Philippot Bruno Philippot
Chargée de mission Arts plastiques à la DAAC de Grenoble

bruno.philippot@ac-grenoble.fr



Responsable de la publication
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