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par Sylvie Babin
Ouverture d'un espace CANOPÉ
Inscription des classes de 3ème
Bilan d'étape sous forme de Calaméo
"Quand une femme rallume les étoiles"
Avec le Musée Gadagne et l’auteur Pascal Prévot - Participation avant le 03 mai 2021
Pour les classes de collège
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Hommage à Alice Taverne et quelques autres culottées
8 et 9 février 2021
Appel à témoignages et collecte d’archives familiales, associatives, et municipales
Blind-test en ligne
Regards croisés entre les collections du musée des tissus et les créations de Mme Vivienne Westwood
inscriptions jusqu'au 1er avril 2021
Cinq pièces pour orchestre d'Arnold Schoenberg
à partir du 8 mars dans tous les établissements du Rhône
ENSBA - Fondation Renaud
Vacances de Pâques
Exposition du 5 novembre 2020 au 25 septembre 2021
Inscriptions avant le 30 avril
Faire découvrir l’histoire de l’Ain durant la Seconde Guerre mondiale
3 expositions à emprunter
du 13 mars au 27 juin 2021
Invitation - Jeudi 4 février à 16h
70 route de Lambraz
01300 IZIEU
Direction : Dominique VIDAUD
Le 7 avril 1946 avait lieu à Izieu et à Brégnier-Cordon la première commémoration de la rafle du 6 avril 1944, organisée à l’initiative de Sabine Zlatin, la fondatrice de la colonie, et en présence de Laurent Casanova ministre des anciens combattants et des victimes de la guerre, des quatre députés de l’Ain, du préfet et des trois sous-préfets du département, du Révérend père Chaillet, président du Comité des œuvres sociales des organisations de la résistance (COSOR) et au moins 3000 personnes.
Cette commémoration, dont l’ampleur a longtemps été minimisée, est l’occasion cette année pour la Maison des enfants d’Izieu, de revenir sur la construction de la mémoire de la rafle et d’une manière plus générale de la Shoah en France, en mettant en lumière les relations que la colonie d’Izieu entretenait avec ses voisins, aussi bien pendant, qu’après l’existence de celle-ci.
Rappelons tout d’abord ici les faits. Fondée en mai 1943 par les époux Zlatin la Maison d’Izieu accueillit 105 enfants juifs jusqu’à la rafle du 6 avril 1944 ordonnée par Klaus Barbie, chef de la Gestapo de Lyon. Les 44 enfants présents ce jour-là, ainsi que les 6 adultes qui les encadraient, furent tous (à l’exception de Léa Feldblum) exterminés par les nazis à Auschwitz-Birkenau et Tallinn.
La suite est connue. Récupérée par ses propriétaires, la Maison et son histoire tombent dans l’oubli jusqu’à l’arrestation et le procès (en 1987) de Barbie. L’éveil de la mémoire, dû au retentissement de la condamnation à vie de celui qu’on surnommait le « boucher de Lyon », entraîne une souscription publique et l’ouverture d’un Mémorial, inauguré en avril 1994 par le président François Mitterrand.
Ce prétendu oubli de la mémoire des enfants d’Izieu après le 6 avril 1944 doit cependant être révisée au vu des études récentes. Elle avait en effet comme corollaire un présupposé longtemps ancré dans les esprits : la colonie et ses occupants auraient été vus d’un mauvais œil par leurs voisins, voire même auraient été dénoncés par l’un (ou plusieurs ?) d’entre eux, dénonciation menant à la rafle du 6 avril.
Cette légende a longtemps constitué une antienne reprise à la fois par certains pseudo-historiens que leurs « enquêtes » auraient conduit aux « coupables » (Sabine Zlatin elle-même était d’ailleurs persuadée que Lucien Bourdon avait servi d’indicateurs aux nazis) et par les visiteurs de la Maison (« mais alors qui a dénoncé les enfants ? » étant sûrement une des questions les plus souvent entendues par les médiateurs des lieux). Pourtant les travaux récents, qui battent en brèche cette vision de l’histoire, ont démontré que selon toute vraisemblance, non seulement la colonie n’a jamais été dénoncée par ses voisins, mais que bien au contraire, elle a entretenu avec eux des relations privilégiées et des liens forts (voir à ce sujet le magnifique travail mené par l’ensemble des équipes de la Maison d’Izieu dans l’ouvrage « Ici, vous serez tranquilles »).
Cette relation entre la colonie et ses voisins est confirmée par la commémoration du 7 avril 1946, qui, loin d’être un signe d’un oubli de la mémoire de la Shoah et du sort des enfants d’Izieu, prouve au contraire son ancrage local et national dès la fin de la guerre, lequel a assimilé la souffrance du peuple juif à celle de la Résistance (symbolisé d’ailleurs par la présence d’un détachement de 60 tirailleurs marocains du 5è RTM ce fameux 7 avril) et de la nation tout entière (voir à ce propos les travaux de François Azouvi dans « Le mythe du grand silence »).
Le 7 avril 1946 sont érigés : à Izieu la plaque conçue comme le lieu de deuil, et à Brégnier-Cordon la stèle du souvenir. Dans les deux cas se nouent étroitement les liens entre les enfants, les voisins et la nation française (comme le prouve le déplacement d’un ministre et du préfet de l’Ain) sans nier leur judéité (la stèle faisant apparaître très visiblement l’étoile de David derrière le visage de deux enfants) alors même, et ceci nous semble encore plus fort aujourd’hui, que la plupart de ces enfants étaient des juifs étrangers.
Les recherches actuelles menées par la Maison d’Izieu, à partir d’un corpus documentaire et d’archives récemment redécouverts, permettent de tordre le cou à la vieille légende d’une colonie repliée sur elle-même, coupée du monde et de son environnement local. La liste des souscripteurs ayant permis l’érection de la stèle et de la plaque démontre en effet l’implication des donateurs locaux et régionaux (635 personnes originaires de l’Ain et des dizaines d’associations, entreprises et municipalités) de même que la présence de milliers de personnes lors de la commémoration du 7 avril (la journée ayant même été filmée actualités cinématographiques Pathé).
Aujourd’hui donc, c’est cet ancrage territorial que la Maison d’Izieu veut réactiver et valoriser par un appel à témoignages et une collecte d’archives familiales, associatives, et municipales. Des documents qui permettront de préparer la commémoration du 6 avril 2021 et la prolongeront en servant à créer une exposition itinérante afin de mettre en lumière la générosité de la population locale de tout un territoire, et plus encore, son absence totale d’indifférence au sort des enfants d’Izieu et de leurs éducateurs.
Merci à Dominique Vidaud, directeur et à l’ensemble des équipes de la Maison d’Izieu