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Biennale 2019

Les publics

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Paysage et porosité

Terminale S2 du Lycée René Descartes de Saint-Genis Laval




 Le 8 octobre, les élèves de la Terminale S2 se sont rendus à la Biennale d'art contemporain, Là où les eaux se mêlent, située dans les anciennes usines Fagor-Brandt. Ils en ont ramené des impressions à découvrir ci-après.

La première impression marquante fut d'éprouver de la surprise face à des installations étranges, apparaissant comme des indices qui appellent une interprétation. Décrire les apparences, se laisser imprégner par les ambiances olfactives et sonores pour commencer à comprendre le propos tenu : toutes ces étapes de l'expérience esthétique demandent une disponibilité et de la bonne volonté de la part des visiteurs. Assurer l'une et l'autre ne va pas de soi et l'art contemporain apparaît très exigeant de ce point de vue.

L'étrangeté en revanche agit comme un catalyseur : elle attise la curiosité et beaucoup d'élèves ont réagi au tunnelier exposé dans la troisième halle. Cette installation de Sam Keogh met scène divers parasites : l'homme lui-même, qui abandonne les têtes d'abattage des tunneliers après usage ; le taret, mollusque marin qui se nourrit du bois des coques de bateau, quitte à les faire couler ; la renouée du Japon, plante extrêmement puissante qui peut prendre possession des maisons abandonnées et aux canalisations et toilettes bouchées pour empêcher les squats. Au-delà de la dénonciation de la pollution, cette installation donne à voir la vie et sa force qui semble toujours revenir, même là où l'homme croit avoir détruit ou empêché quelque chose.

Cette installation qui a tant retenu l'attention des élèves met en relief les phénomènes de transformation. La Biennale est construite autour de l'idée de paysage, mais, finalement elle propose des variations sur la transformation. Qu'une installation comme « Sabotage » suscite chez certains le dégoût, à cause de la matière blanche étrange mélangée à de la glycérine et qui amalgame des sortes de chaînes, ou suscite chez d'autres une sorte de fascination pour l'apparition d'une forme assimilée à un tentacule, la transformation en train de se faire indique un passage. L'inorganique devient-il organique ? Vivant ? Peut-on établir des limites ?

La porosité des mondes, des formes et des matières s'impose plutôt comme le maître mot des oeuvres conçues pour beaucoup d'entre elles à partir du lieu lui-même. Ainsi les élèves ont-ils été attentifs au slogan « Warm in your memory » qui figure sur la façade des usines et fait allusion aux derniers ouvriers licenciés du site. Le street art s'invite et se mélange aux tags rajoutés par des artistes sur les murs extérieurs des bâtiments. L'illégal flirte alors avec la Biennale, temps fort de la vie culturelle lyonnaise.  Mais la porosité concerne aussi la vie et la mort de l'homme lui-même : l'oeuvre de l'artiste mexicain Rodriguez suscite des réactions allant de l'engouement à l'indifférence en passant par le rejet et la fascination. Les 43 robes des fillettes font leur ballet suivant les allées et venues des visiteurs. Ce vol des robes a été interprété par certains comme une présence de fantômes. Savoir que l'artiste est shaman permet de regarder les yeux de coyote comme un élément d'un rituel qui permettrait peut-être d'être en contact avec le monde de l'au-delà. En en restant à une lecture plus prosaïque, la descente des robes vers les visiteurs, provoquée par le repérage de leur présence, figure aussi le souvenir de ces fillettes ou d'étudiants disparus, un rappel à la mémoire.

La porosité entre ici et ailleurs se fait particulièrement sentir dans l'oeuvre de la coréenne Minouk Lim qui propose la course du soleil à la surface de l'eau autour d'un îlot de terre. Le ciel et la terre semblent se réunir. Le soleil et la lune se rencontrent. Le chien n'a pas pu ramener au roi le soleil qui lui a brûlé la gueule ; il n'a pas pu non plus lui ramener la lune qui lui a glacé la gueule. L'homme ne commande pas et l'harmonie règne peut-être parce qu'il n'est pas aux commandes. Cette oeuvre est décrite comme ayant un effet majoritairement apaisant sur les visiteurs.

A l'inverse, l'oeuvre de Rebecca Ackroyd appelle le commentaire de paysage post-apocalyptique. La mort a gagné, la carlingue de l'avion rougeoie encore, les restes démantelés imposent leur témoignage macabre. De nombreux élèves font part de leur malaise, de l'angoisse ressentie en passant au milieu de l'installation. Nous présente-t-elle un miroir de nos pratiques ?

Mais à proximité, « le silence d'une dune » inclut les traces de pas de visiteurs qui ont marché sur l'oeuvre. L'oeuvre présente aussi les plantes qui poussent sur la chaux qui recouvre la dune : l'installation offre le spectacle d'un cercle imparfait, trace d'une trajectoire en boucle coexistant avec la croissance des plantes. La vie à l'oeuvre, là encore.

Nous pourrions évoquer encore Padaphan Yadmanee qui entraîne le visiteur dans un voyage étrange au coeur d'une canalisation. Elle opère ainsi une rencontre entre deux eaux, orientale et occidentale, rencontre des cultures emportées par le flux du temps, sa corrosion, mais qui subsistent comme des traces...

NATHALIE BIESSY

nathalie.biessy@ac-lyon.fr



Responsable de la publication
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