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Laura GEISLER le 23/09/19
Aurelie BLONDEL le 11/10/19
En quelques chiffres :
73% artistes internationaux
24 femmes pour 29 hommes, sans compter les collectifs mixtes.
34 artistes ont produit leurs œuvres avec l'aide des entreprises de la région.
Là où les eaux se mêlent est le titre, emprunté à un poème de Raymond Carver, de cette 15ème Biennale d’art contemporain de Lyon qui investit pour l’occasion un site en reconversion à l’avenir incertain. Cet espace en jachère, dont les vestiges (sols pollués, machines oubliées, béances et absences créées par l’usure du temps et l’action humaine) font coïncider l’ancien monde industriel et les promesses d’un avenir culturel et tertiaire, sera le théâtre d’un système d’échanges politiques, poétiques, esthétiques et écologiques.
Là où les eaux se mêlent est un paysage plissé où chaque vague et chaque crête, chaque sommet et chaque creux, chaque bifurcation, chaque variation en somme, redistribue le jeu du grand échiquier interrelationnel. Vue du ciel, cette carte-là ressemble à n’importe quel atlas. A hauteur d’yeux, elle prend au contraire du relief et rend lisible au propre comme au figuré cette double réalité que recouvre le paysage, compris à la fois comme une transformation matérielle de l’environnement et sa représentation culturelle. Une image que l’on embrasse et un milieu au sein duquel le vivant et le non-vivant, l'humain et le non-humain interagissent. Une projection mentale et un système de relations en mouvement constant. Une émotion où l’intérieur et l’extérieur se rejoignent comme les affluents d’un fleuve.
Ce paysage est aussi
celui d’un glissement qui marque l’apogée de l’âge industriel en Europe et son
achèvement, la transformation spéculative de la France en région touristique et
agricole et bientôt la victoire à venir de la nature. Mais nous n’y sommes pas
encore, et pour l’heure, l’homme qui s’est longtemps tenu face au paysage,
produit de ses désirs et de ses projections-sédimentations, en est ici
considéré comme une composante parmi d’autres.
Fruit de multiples
collaborations entre les artistes et les entreprises lyonnaises et de la région
Auvergne-Rhône-Alpes, cette 15ème édition de la Biennale d’art contemporain de
Lyon réunit des œuvres produites spécifiquement sur le principe des circuits
courts. Ces partenariats entre artistes internationaux et le bassin technique,
industriel et associatif local proposent un modèle inédit de production des
œuvres, initiant un projet sur le long terme inscrit dans le territoire conçu
comme une matière dynamique, en permanente évolution. Cette biennale se conçoit
ainsi comme un vaste écosystème où les œuvres et les artistes cultivent l’art
de la permaculture, à la jonction de paysages biologiques, économiques et
cosmologiques.
Dans le système de vases communicants perméables et ruisselants qui tiennent aujourd’hui lieu de réalité, ces croisements feront germer dans les halles de l’ancien site Fagor Brandt, des jardins fantastiques, des créatures hybrides, des bouquets d'histoires épiphytes, des parfums synthétiques enivrants et des machines sentimentales. Mais aussi des couleurs, des cristaux, des chants et des infrabasses qui pourraient s’adresser à nous, humains, autant qu’à nos contemporains : les végétaux, les animaux, mais aussi les pierres, les souffles et les chimies, les ondes et les phéromones. Une cartographie du passage à un état fiévreux.
Laura Geisler
Attachée de relation avec les publics