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J’aime les cours d’eau et la musique qu’ils font.
Et les ruisseaux, dans les prairies et les clairières,
Avant qu’ils ne deviennent rivières,
Je les aime peut-être surtout
pour leur discrétion. J’oubliais presque
De parler de la source !
Qu’y a-t-il de plus merveilleux qu’une source ?
Mais tout mon amour va aussi aux torrents.
Et les endroits où ils se jettent dans les rivières.
Les bouches ouvertes de fleuves
Quand ils rejoignent la mer.
Là où les eaux se mêlent.
Ces lieux se dressent dans mon esprit pareil à des
sanctuaires. Et les rivières côtières !
Je les aime comme d’autres aiment les chevaux
ou les femmes fatales. Je suis amoureux
de cette eau vive et froide.
Le simple fait de la regarder fait courir mon sang
et me picote la peau. Je pourrais rester assis des
heures à contempler les rivières.
Toutes si différentes les unes des autres.
J’ai 45 ans aujourd’hui.
Est-ce qu’on me croirait si je disais
qu’un jour j’ai eu 35 ans ?
Le cœur vide et desséché à 35 ans !
Cinq années devaient encore passer
Avant qu’il ne reprenne vie.
Je prendrai tout le temps qu’il me plaira
cet après-midi
avant de quitter mon endroit au bord de la rivière.
Ça me plait d’aimer les rivières.
De les aimer tout le long,
Jusqu’à leur source.
D’aimer tout ce qui me grandit.
Raymond Carver : Là où les eaux se mêlent, 1995