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Laura GEISLER le 02/10/19
Laura GEISLER le 04/10/19
Laura GEISLER le 30/09/19
Laura GEISLER le 04/10/19
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Laura GEISLER le 04/10/19
Laura GEISLER le 04/10/19
Jenny Feal, Pienso que tus versos son flores que llenan tierras y tierras, 2019. Courtesy de l’artiste et (of the artist and) Galerie Dohyang Lee, Paris. © Blaise Adilon
Jenny Feal
Pienso que tus versos son flores que lllenan tierras y tierras, 2019
Installation (bois, cannage, paille, jute, faïence, eau, verre)
MAC Lyon, 1er étage
Poétiques et fragiles, les œuvres de Jenny Feal parviennent à allier les hasards et les tragédies privées et publiques, personnelles et politiques. Ses installations, souvent d’une grande simplicité, emploient principalement des matériaux naturels tels que l’argile, le papier et des feuillages mais aussi du bois, qu’elle associe à des objets personnels qui constituent un témoignage des conditions de vie et de l’histoire de La Havane. Ses sculptures et installations évoquent souvent les espoirs et les difficultés des jeunes cubains à se construire et à exister dans un environnement où l’isolement politique et culturel est amplifié par l’enfermement insulaire et l’insurmontable mur qu’est l’océan. Sources
L’installation de Jenny Feal est présentée dans une seule et même pièce du premier étage du MAC Lyon. Elle est composée de trois éléments distincts. Au centre est installé une grand livre ouvert et retourné comme une toile de tente, dont les pages vides ne sont pas en papier mais en toile de jutes. Le mur de droite est entièrement recouvert d’une fresque en argile rouge, qui se dérobe par des portes coulissantes en bois non manipulables, empêchant le public de la contempler dans son ensemble. L’artiste a dessiné en enlevant de la matière, laissant donc apparaître des traces blanches sur le fond rouge, ainsi qu’une fleur-papillon, « Mariposa » sur la droite, accompagnée d’un grand vase brisé posé sur le sol. Enfin, un banc de bois et des cannages complètent l’installation. L’assise est classique et le dossier quant à lui reprend des formes de vêtements imbriqués les unes dans les autres, comme les ombres des personnes qui se seraient assises sur le banc. Il est découpé en deux morceaux, et laisse au milieu un espace vide pour une silhouette masculine manquante. Une pièce en céramique bleue, portant l’empreinte de deux pieds nus est placée devant cette assise manquante, sur une pièce de bois carrée. Le titre en espagnol peut se traduire comme « Je pense que tes vers sont des fleurs qui remplissent des terres et des terres ». Il est tiré d’un poème écrit par l’artiste.
Jenny Feal évoque ici son histoire personnelle et familiale dans le contexte plus général de la dictature cubaine. L’artiste a entretenu une relation épistolaire, principalement composée de poèmes, avec son grand-père qu’elle imaginait habiter aux Etats-Unis. Elle découvrira après sa mort qu’il était en réalité prisonnier politique à Cuba pendant 17 ans, puis exilé aux Etats-Unis. Emprisonné à cause de ses écrits, il n’évoquera jamais sa captivité dans les lettres et les poèmes envoyés à sa petite fille. L’artiste se rapproprie son histoire familiale en invitant les visiteurs à déambuler dans cette installation. Au centre, le livre aux pages blanches semble vomir de l’argile. Il représente un carnet de poèmes écrits par son grand-père. Dans ce carnet de poésies et journal intime, contraint par la censure et l’autocensure, les pages sont blanches et ne racontent aucune histoire. Le banc semble se préparer à recevoir les membres d’une famille, prêt à se regrouper autour d’une figure manquante comme un grand-père absent. Son absence symbolisée par l’assise manquante n’empêche pas d’imaginer un corps physique, dans les habits dessinés sur le mur ou l’empreinte des pieds dans la céramique au sol. La personne manquante, au centre de la famille semble donc s’être volatilisé, laissant tomber un livre à l’échelle démesurée qui le mène à sa perte. Le mur d’argile est peint grâce au retrait de la matière appliquée préalablement par l’artiste. Elle creuse pour faire ou voir apparaître une histoire, un dessin, comme cette « fleur papillon » associé à un vase cassé sur le mur. Les marques rappellent aussi douloureusement les traces que peuvent laisser des exécutions publiques sur des murs blancs. La fleur est également une référence à la dictature cubaine et la censure imposée aux habitant·e·s. Utilisées pour cacher des messages écrits, les femmes se paraient de ces fleurs, qui devenaient ainsi une cachette en cas de contrôle et de fouilles.
Les installations de Jenny Feal fonctionnent donc comme des narrations, des récits dans lesquels elle mélange son histoire personnelle et l’Histoire universelle de la guerre, de l’oppression et de l’exil. Comme dans la famille de l’artiste des morceaux sont manquants, le visiteur ne peut apercevoir la fresque en entier à cause des portes coulissantes, les pages du livre sont blanches et l’histoire racontée est incomplète. Le mur de droite est arrondi, rappelant que quelles que soient les histoires vécues par les hommes, la terre continue de tourner.
GS Primaire / Collège / lycée : Question de la mémoire, du souvenir
Un article par Lisa Emprin, médiatrice @ la Biennale de Lyon
Jenny Feal © Blandine Soulage-Rocca
Pour en savoir plus...
http://jennyfeal.fr/
Laura Geisler
Attachée de relation avec les publics