Nous utilisons des cookies pour améliorer votre navigation sur le site. Merci de cliquer sur "OK" pour donner votre accord.
Vous pouvez changer d'avis en modifiant les paramètres de sécurité de votre navigateur. Pour davantage de détails, consulter ici notre Politique de confidentialité.
OK
Hélène HORRENT le 17/09/19
Hélène HORRENT le 17/09/19
Hélène HORRENT le 30/09/19
Hélène HORRENT le 11/07/19
Hélène HORRENT le 17/09/19
Hélène HORRENT le 17/09/19
Hélène HORRENT le 17/09/19
Au centre-ville de Nantes à proximité de la gare, quai Baco sont construites dans les années 1880 les usines Lefèvre-Utile (abréviation plus connue sous le nom de LU) sur le site d’une ancienne filature. Cette manufacture d’une surface de 2000 m2 est à la pointe de la technologie et suit l’évolution de la mécanisation. Illustre biscuit, le petit Lu sera inventé en 1885 et produit dès 1886, 130 ouvriers s’affairent à la prospérité de l’entreprise. A la fin du XIXème siècle, Louis Lefèvre-Utile fait l’acquisition des bâtiments environnants, il entreprend une phase d’agrandissement. Profitant d’une période ascendante de l’économie, il n’a de cesse d’étendre et de moderniser ses ateliers, la surface alors consacrée à la production biscuitière se développe sur quatre hectares. De 1904 à 1909, Louis Lefèvre-Utile désire créer une harmonisation architecturale de son site industriel, il fait appel à l’architecte parisien Auguste Bluysen pour la construction de deux tours massives d’une hauteur de 35 mètres. Ces deux tours répondent à l’architecture du château des ducs de Bretagne édifié entre le XIIIème et le XVème siècle, ne pensant pas son usine comme simple lieu de fabrication, mais comme un édifice en adéquation avec l’esthétique urbaine environnante. Dans les années soixante-dix, la quartier connaît une période de déshérence industrielle, les lieux n’étant plus que partiellement occupés, les deux tours sont décapitées en 1972, la partie sud est rasée pour permettre l’implantation d’un hôtel en 1980. La tour ouest disparaitra dans cette première vague de réhabilitation.
Lu connaît une perte de marchés dans les années quatre-vingts, pour pouvoir lutter contre la concurrence internationale, l’entreprise LU fusionne avec plusieurs biscuiteries. En 1986, Générale Biscuit (groupe américain) construit une usine ultra moderne en périphérie de Nantes. De 1987 à 1989 déjà en partie détruit, le site nantais est progressivement vidé de ses activités, il est laissé à l’abandon. Pendant plusieurs années, les bâtiments alors en friche sont occupés par des manifestations culturelles informelles et ponctuelles.
En 1994, suite à la quatrième édition du festival Les allumés soutenu par Jean-Blaise, alors directeur du CRDC (centre de recherche pour le développement culturel) nait un désir de pérenniser et d’officialiser ce « squat » culturel. Il soumet le projet au maire en place Jean-Marc Ayrault. En 1995, l’annexe Ferdinand-Favre sera rachetée par la ville de Nantes, s’ensuit en 1998 une reconstruction de la tour Est insufflée par l’accueil de la coupe du monde football de 1998. La partie supérieure est détruite, sous la direction de l’architecte nantais Jean-Marie Lépinay, cette reconstitution fidèle s’appuie sur des archives de la famille Lefèvre-Utile. Tout en respectant l’identité industrielle, la réhabilitation des reliquats de l’empire LU est confiée à l’architecte et scénographe Patrick Bouchain, pionnier du réaménagement des lieux industriels en espace culturel (magasin de Grenoble 1986). Le projet alors retenu, beaucoup moins dispendieux que les propositions d’autres architectes, respecte la mémoire de l’ancienne biscuiterie. Laissés à l’état brut, les murs et moellons restent apparents, les réseaux visibles. Ce parti pris en fait un lieu atypique, alchimie entre ancien et nouveau. Cet espace inédit rebaptisé le Lieu Unique, en hommage au célèbre biscuit nantais et à son créateur, se veut un lieu de rassemblement, ne se limitant pas à une seule forme d’art, mais polymorphe. Cet espace multiculturel accueille les arts plastiques, le théâtre, la danse, l’architecture, le cirque, la musique, la littérature et la philosophie et les arts gustatifs. Lieu de vie, d’échange, de rencontre autour d’un verre ou au restaurant, un hammam a été installé aux sous-sols et la librairie Vent d’ouest propose à la vente les créations des artistes et designers locaux. Le 30 décembre 1999, Jean Blaise accompagné de son équipe inaugure le Lieu Unique, date symbolique du passage au XXème siècle. Une double paroi extérieure pensée par l’architecte Patrick Bouchain « le grenier du siècle » renferme une collection d’objets hétéroclites, don de la population nantaise. Ces mises en boîte scellées jusqu’au 1er janvier 2100 à 17H00 précises, sorte de sanctuaire matériel sont une immortalisation de notre mémoire collective, tout comme la préservation du patrimoine industriel pour les générations à venir.
Hélène Horrent
Professeure relais à la Biennale 2019
helene.horrent@ac-lyon.fr