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Laura GEISLER le 04/10/19
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Laura GEISLER le 30/09/19
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Laura GEISLER le 30/09/19
Shana Moulton, Destiny Oracle Portal, 2019. Courtesy de l’artiste et [of the artist and] Galerie Crèvecoeur, Paris/Marseille ; Galerie Gregor Staiger, Zurich © Blaise Adilon
« Je suis toujours en quête de magie, c’est une manière d’échapper à la banalité. Pour accentuer cette quête, j’ai recours aux fantasmes et aux hallucinations. Parfois, dans la routine, on arrive malgré tout à percevoir des ouvertures à la rêverie. Votre esprit, ou l’intérieur de votre corps peuvent être des portails symboliques propices à l’évasion. »
Dans la pratique de Shana Moulton, sculpture, vidéo et performance sont intimement liées, pour mettre en scène un personnage féminin : Cynthia, son alter ego. Choucroutée, défigurée ou masquée, la vidéaste se grime à la manière de Cindy Sherman et met en scène son alter ego pop baptisé Cynthia, ménagère souffreteuse qui exorcise ses émois en zonant sur Internet en quête de tutoriels beauté new age. L’artiste nous projette sans détour dans l’imagination de Cynthia, comme s’il n’y avait pas de barrière entre les œuvres et l’imagination.
Shana Moulton
Galactic Activation Portal, 2019
Destiny Oracle Portal, 2019
Technique : Sculpture – techniques mixtes
Situation 1 : Rue du Président Carnot
Situation 2 : usine Fagor, passage entre le Hall 0 et le Hall 1
Un portail occupe le début de la Rue du président Carnot. Il se compose de deux arches surmontées d’une pyramide. À la base des arches, des cubes en escalier forment la base de la sculpture. Le violet est la couleur dominante mais des textures imprimées roses, mimant un liquide, apparaissent sur les extrémités. Un œil orne chacune des pyramides et un troisième, sur une pyramide renversée, se trouvent à la jonction des deux arches. Sur une des pyramides, une grande main sculptée blanche est recouverte de signes ésotériques évoquant la chiromancie (la lecture des lignes de la main). Sous la deuxième arche est suspendu un cercle où est représentée la lune. La courbe sur laquelle est posée la main se poursuit au-dessus de la plus petite arche, on y trouve un étrange signe : un cercle traversé des deux côtés de trois lignes parallèles qui ne se rejoignent pas en son centre, comme deux signes € qu’on aurait mis en miroir, mais avec trois traits. Le format rappelle une signalétique de boutique comme celle des tabacs. À travers le portail on verra soit une rue marchande soit la place de la République.
Un second portail se trouve à l’entrée de l’espace d’exposition des Usines Fagor, entre la halle 0 et la halle 1. Le portail reprend de façon simplifié les couleurs et le style de son pendant rue du Président Carnot avec six cubes en pyramide sur chaque flanc de l’arche. À nouveau, une pyramide surmonte la structure, flanquée du même œil entouré de rayons évoquant les couleurs de l’arc-en-ciel. On notera que le violet, couleur dominante de l’œuvre, est la dernière couleur du spectre intérieur de l’arc-en-ciel et peut, à ce titre, être lu comme une ouverture vers l’inconnu.
Les deux portails agissent comme un trait d’union entre un espace qui servait autrefois à la production et une rue du centre de la ville dévolue au commerce semi-luxueux. Positionné près du magasin Sephora, le portail du centre-ville évoque un univers ésotérique New-Age allant de la lecture des lignes de la main aux phases de la lune, le tout dans un enrobage télé-achat transformant chacun de ces signes en signalétique marchande. L’œil que l’on retrouve sur les deux arches, souvent qualifié « d’œil de Dieu », touche autant à la portée transcendante de l’ésotérisme New-Age qu’au symbole que l’on trouve sur les billets de 1 dollar américain et chez les Francs-Maçons, nourrissant tout un imaginaire complotiste sur internet.
Cet univers visuel semble pour l’artiste un moyen d’appréhender la quête spirituelle que peut provoquer le monde moderne ainsi que tous les enjeux financiers qui peuvent la sous-tendre. Le portail crée autant un passage entre deux espaces qu’une entrée dans chacun ; on sera forcé de traverser celui de la Biennale, d’être comme bénit par cet œil géant, de même que celui du centre-ville, néanmoins plus facile à esquiver.
Par son inscription dans le centre-ville de Lyon, ce duo de portails mêle littéralement la ville et la Biennale et joue comme un passage, l’élément liquide est par ailleurs invoqué par la texture fluide qu’on trouvera sur ses flancs.
GS mat et primaire :
L’image du portail ainsi que l’imaginaire magique qui l’accompagne pourront toucher les plus jeunes.
Collège :
L’imaginaire complotiste a grande place dans la culture internet (Killuminati en tête) et fait souvent sourire les collégiens qui pourront apprécier le décalage New-Age ou jouer le jeu du complot lézardo-maçonnique.
Tout public :
On peut espérer que parmi les groupes Lyonnais quelqu’un aura pu croiser le portail du centre-ville mais, même sans ce lien, l’œil et la pyramide sont des symboles immanquables et pourront aiguiller la discussion sur ce portail qui nous introduit dans la Biennale et l’ésotérisme propre à l’art contemporain.
Shana Moulton, Destiny Oracle Portal, 2019. Courtesy de l’artiste et [of the artist and] Galerie Crèvecoeur, Paris/Marseille ; Galerie Gregor Staiger, Zurich. © Louise Meizonnier
Laura Geisler
Attachée de relation avec les publics