MULE : (MU)r de (L)ibre (E)xpression

Mur/espace physique sur lequel on pourra intervenir, de façon virtuelle, en écrivant ou dessinant dessus par le biais d'une application de réalité augmentée. Les traces de l'intervention du public sont éphémères et anonymes. Seules les 20 (iPhone) ou 30 (androïde) dernières interventions seront visibles à la fois, les interventions les plus anciennes sont remplacées par les plus récentes. Il n’y a pas de modérateur.
Ainsi l’oeuvre se trouve “dans le boîtier”. En se connectant au wifi MULE, on fait partie d’un réseau fermé « intranet » et le portable du participant rallonge le périmètre d’accès d’encore ~20M ; plus il y a de monde connecté, plus la zone s’agrandit. Le choix de système intranet est un parti pris : cela empêche la traçabilité des usagers et préserve leur anonymat.
MULE EST UNE ZONE VIRTUELLE AUTONOME OU LES UTILISATEURS PEUVENT PARTAGER DIFFÉRENTS CONTENUS SANS AUCUNE TRACE. CHAQUE MESSAGE EST ANONYME, AFIN QU’IL N’Y AIT AUCUNE POSSIBILITÉ DE DÉTECTER QUI L’A AJOUTE. 

Démarche, contexte : 

Escif reprend la question de l'interaction du public avec l'œuvre artistique. Sa démarche est proche du street art mais aussi du Cyber art.
Il questionne ainsi la diversité des formes du street art : l’artiste est connu mondialement pour ses fresques et maintenant il s’oriente vers les créations numériques et collaboratives.

Développement du projet :
Escif a souhaité explorer le concept du mur dans ce projet : son rôle dans l’espace urbain pour enfermer, protéger, dessiner l’espace, etc. De plus, il est intéressé par la longue histoire des graffitis et interventions sauvages sur les murs – depuis l’arrivée de la civilisation et l’architecture commune, on trouve des exemples de graffiti – messages et dessins en réaction à l’environnement qui entoure l’individu.
Pendant sa visite à Vaulx-en-Velin (quartier Mas du Taureau) en mai 2019, il a été séduit par les murs d’expression libre de ce quartier, construit dans les années 60s-70s sous une influence politique communiste (Vaulx-en-Velin a longtemps été de ce bord politique– les noms des rues et des structures municipales portent toutes des noms de communistes et de personnages historiques connus pour la lutte humanitaire).

Un habitant de longue date lui a raconté que les murs d’expression libre ont été demandés par les habitants dans les années 80s. Aujourd’hui, ces murs et les lieux où ils ont été installés sont rarement utilisés par les habitants. Escif aurait souhaité réactiver l’usage de ces murs avec son projet MULE.

Malheureusement, la commune s’est retirée du projet Veduta et le projet d’Escif a été déplacé vers d’autres lieux de la Métropole Lyonnaise. Des boitiers ont été installés à l’Université de Lyon 2 à Bron, Lyon 8^e Langlet-Santy, 2 boitiers à Fagor et un dernier qui est toujours en cours d’installation.

"là où les eaux se mêlent" : 

 La pratique d’Escif s’inscrit dans une certaine histoire de la peinture murale afin d’interroger le « mur » dans son acceptation architecturale, politique et conceptuelle. Selon lui, le web permet également une circulation de paroles dont la liberté se heurte cependant aux cadres « des murs » des réseaux sociaux. C’est la raison pour laquelle dans le cadre de Veduta, l’artiste et l’activiste informatique n3m3da imaginent ici un réseau permettant aux habitants d’interagir en autonomie. L'idée est donc celle des flux de parole mais aussi du paysage urbain envahi par l'expression écrite locale.

Questionnements pédagogiques : 

Collège : street art - Quels artistes connaissez vous ?
Lycée : Testez MULE - Quelle revendication retrouve-t-on ici ?
Tout public : Testez MULE - Rapport avec la thématique de la Biennale
Adultes exclusivement : Une prise de position trop légère ? Une critique mitigée ?
Accessibilité public : accessible seulement via une application

Un article de Clarissa Vacalabre, médiatrice et Jessica Palm (Veduta) @ Biennale de Lyon

Questionnements pédagogiques