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Laura GEISLER le 04/10/19
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Laura GEISLER le 30/09/19
Josèfa Ntjam © Josèfa Ntjam
Josèfa Ntjam, Sous la mangrove (détail), 2019. Courtesy de l’artiste [of the artist]. © Blaise Adilon
Joséfa Ntjam
Sous la mangrove, 2019
Deux laizes de soie imprimée suspendus, céramiques
MAC lyon, Hall d’accueil
En rentrant dans le hall du MACLyon, les visiteurs rencontrent un paysage sous-marin constitué par plusieurs céramiques émaillées posées sur des socles (pas présentes tout le temps). Les « créatures » représentées sont des hybrides : comme une anémone aux tentacules de poulpe. La brillance de la céramique évoque les reflets de la lumière sur un paysage mouillé par l’eau. Le caractère propre à certains matériaux, comme celui de capter la lumière intéresse l’artiste : ce que font les deux laizes en soie imprimée que l’artiste laisse pendre au dessus des ce paysage marin aux couleurs vives.
C’est sur ces tissus que l’artiste déploie son récit en proposant des associations d’images apparemment incohérentes. Sur le premier laize (face à l’entrée), de gauche à droite : une huître jaune géante et fluorescente, des pics rocheux rose, une photo d’un membre de sa famille superposé à un miroir d’eau, une montagne, une créature bio-morphe. Ces éléments s’accompagnent d’une sphinge, une planète rouge, une fleur de mangrove et un petit palmier.
Le deuxième tissu, qu’il est possible de mieux apprécier en se plaçant en haut des escaliers, présente une créature marine monstrueuse, comme un poisson des abysses, entouré par une végétation colorée. Sur le côté droit, à l’angle supérieur, une forme carrée entoure une main noire en raccourci qui tient un serpent entre ses doigts. Des montagnes et des nuages délimitent le bas de la composition. Le centre est marqué par la représentation d’une sculpture et d’un bas relief égyptiens. Un groupe de femmes et un enfant nous regardent. On observe aussi une autre photo placée juste à coté d’une pyramide et une planète jaunâtre.
Aucune relation spatiale de perspective, d’échelle ou de superposition entre les éléments de la composition ne semble être respectée. Il n’existe pas de hiérarchie de la représentation. Le but est concrètement de libérer sa propre imagination afin de recomposer une histoire capable de tisser les liens entre les images utilisées. Joséfa Ntjam invite les visiteurs à activer un procédé mental qui reproduit les liens, les inspirations parfois inattendues, de la recherche internet. Plus exactement l’artiste parle « des internets ». Par internets on peut songer aux worlds wide web, soit un réseau qui connecte plusieurs mondes, ou world wide webs, donc un monde où plusieurs réseaux ou plusieurs niveaux de signification se croisent.
Dans sa démarche, l’artiste envisage l’approche et la création d’autres mondes possibles. Elle travaille dans le cadre d’une poétique de la révolte : inventer un ailleurs pour ne pas accepter forcément le présent imposé. Ce type d’inspiration a guidé le déroulement de sa résidence artistique avec les habitants de Givors pour le projet de la Biennale, Veduta.
Joséfa Ntjam se situe dans cette génération de jeunes artistes ayant grandi avec Internet et son réseau horizontal. Ses photomontages, ses installations ou ses performances accueillent toutes sortes de sollicitations sans hiérarchie : artistes mainstream, chercheurs et théoriciens engagés, captures d’écrans, etc.
Joséfa Ntjam est né à Metz en 1992 de parents Camerounais. Ses reconstitutions de mondes possibles prennent inspiration des théories de l’historien et anthropologue Cheikh Anta Diop (1923-1986). Une autre référence est l’afrofuturisme théorisé pour la première fois en 1994 par Marc Dery. Esthétique influencée par le pop art.
L’œuvre pourrait se prêter à introduire le projet des commissaires d’exposition. Le questionnement sur l’identité historique des peuples privés de leurs racines par le colonialisme, la guerre, l’exil ou la dictature fait partie d’une opération de reconstitution d’une nouvelle topographie humaine. Plusieurs artistes de la Biennale sont concernés par ce thème : Petrit Halilaj, Gaëlle Choisne, Jenny Feal, Nina Chanel Abney, Simphiwe Ndzube.
GS mat et primaire :
Couleurs brillants, céramiques monde sous-marin, hybrides
Collège :
Individualiser les sujets représentes sur les laizes. Trouver des liens entre eux pour créer leur propre récit.
Lycée :
Afrofutrurisme (exemples dans la musique), concept des internets (entamer le débat), imaginaire sci-fiction...
Un article de Rossella Iorio, médiatrice @ Biennale de Lyon
Laura Geisler
Attachée de relation avec les publics