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Laura GEISLER le 04/10/19
Laura GEISLER le 02/10/19
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Laura GEISLER le 30/09/19
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Laura GEISLER le 30/09/19
Khalil El Ghrib, Les 4 saisons, 2019. Courtesy de l’artiste et [of the artist and] galerie Aplanos, Asilah. © Blaise Adilon
Khalil El Ghrib
sans titre
installation / technique mixte (peinture, chaux, chute de polystyrène, chute de tissus de soie, bobine et fils de soie dorée, éclairage, arcade de chaine de montage)
Usines Fagor Halle 1
Khalil El Ghrib
s’adonne au dessin dès son enfance et a fait le choix des œuvres éphémères. Reconnu
sur la scène internationale, c’est une figure à part dans le paysage de l’art
contemporain. Il ne signe, ni ne date, ni ne vend ses œuvres mais en fait don
chaque fois qu’il prend part à des expositions individuelles ou collectives.
Quand son « travail » ou ses « productions » (c’est ainsi
qu’il appelle ses œuvres) rentrent dans des collections publiques ou privées,
c’est par le biais de donations. El Ghrib n’accepte pas de rentrer dans la logique
du marché. Khalil El Ghrib accumule, dans son atelier à Asilah, des cartons de toutes sortes, des papiers, des emballages d’œufs, des bois recouverts de mousses et de lichens, des objets glanés au hasard de ses pérégrinations dans les rues et au bord de la mer, objets rejetés par les hommes ou les vagues qu’il laisse se décomposer. Ses travaux sont réduits au minimum, adjonction de ficelles, cartons enduits de chaux sans forme préalablement voulue, que l’humidité de la pièce fera craqueler en des brisures.
Khalil El Ghrib est un artiste rarement exposé qui vit en dehors des normes du marché de l’art puisque il refuse la richesse et le pouvoir matériel. Selon lui, la seule façon de protéger sa créativité et sa sincérité est de ne pas vendre d’œuvres, et de ne pas chercher à acquérir de renommée. Son travail est donc dépourvu de recherches esthétisantes, mais part de son envie de reproduire la maison de son enfance. Maison dont le souvenir des murs chaulés, nus, heureux, le hante encore. « Je créer pour me retrouver moi-même » affirme l’artiste. Pour lui, c’est avant tout la reproduction de son être physique et moral qu’il recherche, à travers ses gestes minutieux.
Cette installation investit l’ancienne chaine de montage destinée à la construction de véhicules électriques.
Ces 15 arcades en tube d’acier de 10 cm de section devaient porter jadis des éléments industriels. Elles sont peintes en 5 couleurs et délimitent l’œuvre.
Par 3, les arches sont colorées de rouge, de bleu, de vert et de jaune. Entre chacune de ces 4 couleurs, une arche grise marque une séparation. Si bien que le rythme des arches est de 3 rouges, 1 grise, 3 bleues, 1 grise, 3 vertes, 1 grise et 3 jaunes.
Sous chacune de ces triades colorées, des éléments jonchent le sol.
Nous y observons des formes rectangulaires longues de plus de 1m en polystyrène. D’un côté plates, elles épousent le sol ; leur partie haute est coupées de manière à créer des courbes organiques distordues ; ces formes brillent par leur blancheur. Ces formes ne dépassent pas 30 cm de haut. Nous retrouvons ces formes irrégulières par nombre de 3 sous chacune des triades.
Sous les arches rouges et bleues, des petits paquets en papier mâché sont disposés au sol, tout près des formes de polystyrène. Ces paquets sont irréguliers et des rubans de tissus effilochés les nouent pareil à des cadeaux. Sous l’arche rouge, ces nouets sont rouges et les paquets de dimensions proches d’un cahier, sous les arches bleues, les nouets sont bleus et les paquets plus petits.
Sous les arches vertes, aucun paquet, seulement quelques rubans verts sont posés sur les formes de polystyrène.
Sous les arches jaunes, des fils dorés tissent un maillage hasardeux et suspendu aux barres de métal : ils sont quasi invisibles selon les points de vue. A côté d’un plus gros morceau de polystyrène, une vingtaine de bobine de fils de soie dorée et jaune jonchent le sol ; plus loin de manière isolée, de petits nouets jaunes-orangers s’accumulent.
Des éclairages accrochés aux arches projettent des cercles sur les formes de polystyrène, sur les paquets de papier, sur les nouets et bobines mais aussi au sol, sans viser particulièrement des matières.
Khalil EL GHRIB procède toujours par récupération de matériaux voués au rebus. Les tissus et bobines tout comme le papier ont été donnés par des partenaires de la Biennale de Lyon. Les morceaux de polystyrène ont été récupérés sur place lors du montage des œuvres. Une attention à la décomposition de l’œuvre est importante dans sa démarche : ici, de la chaux vive a été badigeonnée sur les paquets de papier. Cette chaux est en référence à son histoire personnelle et l’usage de la chaux dans les villages méditerranéens. Pour l'artiste, cette vision est celle d’un espace aquatique où flottent des matériaux comme des icebergs. Les 4 couleurs font référence pour lui aux 4 saisons en allant du chaud de l’automne (rouge) au froid de l’hiver (bleu), au frais printemps (vert) et au soleil de l’été (jaune). Il décrit qu’une arcade colorée équivaut à 1 mois. Il souhaite de cette manière conjuguer le temps et la matière. Artiste hors marché de l’art, il ne vend et ne titre pas ses œuvres délibérément pour ne pas entrer dans un système qui selon lui « fausse » une démarche artistique.
Réalisation d’un paysage symbolique avec les déchets d’industrie, lien à l’anthropocène, la question du monde marchand
GS Mat et primaire :
Définition de sculpture/ installation
Les formes organiques, les couleurs, le fragment, ouvrir sur l’imaginaire
Collège / lycée :
notion du marché de l’art / anthropocène - écologie
Un article de Lucie Ianno, médiatrice @ Biennale de Lyon
Khalil El Ghrib © Khalil El Ghrib
Laura Geisler
Attachée de relation avec les publics