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Laura GEISLER le 04/10/19
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Laura GEISLER le 30/09/19
Dale Harding © Dale Harding
Dale Harding, Site Surveys / International Standard, 2019. Courtesy de l’artiste, de la Biennale de Lyon 2019 et Gouvernement de l’Australie à travers le Conseil australien pour les arts, Milani Galery Brisbane. © Blaise Adilon
Dale Harding, Site Surveys/International Standards, 2019.
acrylique, pigments secs, gomme arabique, verre, pierre, papier
Usines Fagor Halle 1 et 3
Dale Harding est un descendant des tribus Bidjara, Ghungalu et Garingbal, vivant dans le Queensland central. Il travaille à partir de différentes techniques telles que la peinture, l’installation, la sculpture, l’artisanat, le pochoir, la sculpture sur bois et silicone etc. Ses œuvres explorent les histoires inédites des différentes communautés dont il porte l’héritage. Il s’intéresse tout particulièrement à la question de continuum culturel et étudie les réalités sociales et politiques de ces peuples placés sous le contrôle gouvernemental.
Les peintures et installations de Dale Harding sont présentes en deux endroits aux Usines Fagor.
Dans la halle 1, tout au fond entre les installations de Léonard Martin et Stéphane Thidet, l’artiste a peint sur trois rangées de fenêtres, et nettoyé partiellement une quatrième. La taille des fenêtres varie, les plus grandes étant placées le plus loin du sol. La première rangée, la plus proche du sol, a été nettoyée par endroits par l’artiste et laisse apparaître le vert de la pelouse qui se trouve derrière, que l’on ne voit que lorsque l’on s’en approche. La seconde rangée est peinte en jaune clair. La troisième rangée est recouverte de gomme arabique qui vient flouter la fenêtre et lui donner une couleur blanchâtre. Enfin, la quatrième rangée, qui comporte les plus grandes fenêtres, est peinte de couleur rouge terre qui rappelle l’argile. Sur cette dernière particulièrement on note de fortes traces de coulures ainsi que des coups de pinceau large utilisé par l’artiste et ses deux assistantes.
Dans la partie de gauche de la halle 3, sur les murs et le sol entre les installations de Sam Keogh et Marie Reinert l’artiste a réalisé des peintures et de discrètes installations au sol. Les peintures sont sur les fenêtres à hauteur d’œil, réalisées à nouveau à la gomme arabique. Elles viennent épouser les formes des graffitis roses qui étaient déjà présents dans l’usine. Une trace de peinture réalisée par l’artiste est également visible au sol, sur le marquage blanc mis en place pour les ouvriers du temps de l’exploitation du lieu. Les installations se composent de deux assemblages de cailloux de taille moyenne, trouvés et choisis sur le site par l’artiste. Le premier est au sol et forme une ligne d’une dizaine de pierres près du mur. Le deuxième se trouve sur un rebord de fenêtre, c’est une ligne droite de plusieurs pierres repeintes en jaune clair qui sont disposées chacune sur une feuille A4. Ces feuilles sont d’anciens documents trouvés dans les lieux par l’artiste.
Le titre se traduit ainsi « Étude de sites/Standards internationaux ».
Dale Harding est un artiste australien originaire des peuples aborigènes Bidjara, Ghungalu et Garingbal. Cette identité est très présente dans son travail, principalement d’installations et de peintures, qu’il réalise in situ ou non.
Ayant choisi comme atelier à Brisbane une ancienne usine désaffectée, il est habitué à travailler dans un environnement industriel brut. Son projet pour la Biennale est de mélanger et de rendre hommage à trois lieux ayant chacun une histoire propre : les sites culturels aborigènes sacrés du Queensland, son atelier à Brisbane et les usines Fagor. En s’inspirant de l’environnement chromatique de chacun de ces lieux il a recueilli et choisi des pigments afin de réaliser des peintures in situ sur les fenêtres et le sol des usines. Par exemple la teinte rouge ocre utilisée pour les peintures est présente aux usines Fagor sur les structures métalliques, mais c’est également la couleur de la terre dans les sites sacrés aborigènes du Queensland ainsi que des codes couleurs présents dans l’ancienne usine où se trouve son atelier. L’artiste a volontairement laissé visibles les traces de coulures, qui sont pour lui une façon de laisser voir la personnalité du peintre et des deux assistantes qui l’ont aidé. Il mêle ainsi les histoires et la réalité socio-culturelle de ces trois espaces. Si tous sont aujourd’hui considérés comme des lieux de production et de rencontres autour de l’art, ils portent en eux une part de violence et de tristesse. Via ses installations, l’artiste met en commun ces différentes histoires de luttes pour préserver un site culturel spolié ou un emploi, de revendications d’une identité culturelle ou ouvrière, pour les lier dans ce qu’elles ont d’universel et d’intemporel malgré la distance géographique qui sépare les trois lieux.
Cette idée de témoignage universel se retrouve dans le titre qui évoque très clairement son projet d’identifier des codes communs internationaux entre différents sites.
Pour préparer son travail sur place, Dale Harding a passé plusieurs jours à s’imprégner des lieux, à collecter des éléments naturels (les pierres) et des documents papiers oubliés et laissés sur le site, qui rappellent la présence des ouvriers et ouvrières qui faisaient vivre le lieu jusqu’en 2015. Dans la halle 1 le choix des rangées de fenêtres est motivé par le fait qu’il s’agit d’un des rares points de vues où l’on aperçoit « le dehors » à travers : sortir du paysage des usines, notamment par la présence de l’herbe qui vient remplir de sa couleur verte la dernière rangée de fenêtre nettoyée par l’artiste. Elle se reflète ainsi dans le marquage vert du sol, comme un miroir inversé.
Ses installations font parties des gestes les plus discrets présentés dans les Usines Fagor. Pour l’artiste il est aussi question de prendre soin du lieu, de le « réparer » en nettoyer certains endroits, peignant d’autres, sans forcément l’indiquer par un cartel ou sur le plan du lieu.
Dans cette idée de flux et de rencontres l’artiste convoque ici l’histoire de trois lieux distincts ; les usines FAGOR, l’ancienne usine devenue son atelier à Brisbane ainsi que des sites culturels sacrés aborigènes dans les territoires du Queensland.
Collège :
- champs de la peinture > cadre, hors cadre
- définition de « in situ »…
Lycée :
- champs de la peinture > cadre, hors cadre
- définition de « in situ »…
- conséquences de la colonisation et de l’industrialisation sur les communautés et le patrimoine
Un article de Lisa Emprin, médiatrice @ la Biennale de Lyon
Laura Geisler
Attachée de relation avec les publics