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Abraham Poincheval, Marche sur les nuages, 2019. Courtesy de l’artiste et [of the artist and] Semiose galerie, Paris. © Adagp, Paris, 2019. Photo : Blaise Adilon
Abraham Poincheval
Marche sur les nuages, 2019
Performance, vidéo sonore 15mn
Fagor, Halle 2
Abraham Poincheval invente des expériences itinérantes ou sédentaires pour découvrir le monde sous des angles encore inexplorés et ainsi exploiter au maximum la notion de voyage mental. De 2001 à 2009, il collabore avec Laurent Picador avec qui il réalise une série d’explorations incongrues. Ils décident, par exemple, de vivre en autarcie durant une semaine sur l’île du Frioul au large de Marseille rejouant les conditions de vie d’hommes du paléolithique. Un autre défi les pousse à traverser la France en ligne droite à l’aide d’une simple boussole, de Nantes à Caen puis de Caen à Metz, en enjambant maisons, autoroutes et cours d’eau. En 2011, Abraham Poincheval réalise Gyrovague, le voyage invisible une aventure à travers la montagne sur quatre saisons qui le mène de Digne-les-Bains (04) à Caralio en Italie, en poussant un cylindre métallique qui lui sert à la fois de véhicule, d’habitat et de camera. Pour la galerie ho, à Marseille, il propose le projet - 604800 s. Dans le sol de la galerie, un trou d’une hauteur de 1 m 70 et de 60 cm de diamètre a été́ creusé. Il s’enferme dans ce trou recouvert d’une pierre d’environ une tonne durant 604800 secondes (sept jours) avec le nécessaire pour survivre : quelques victuailles et de la lecture.
En 2014, il s’enferme dans un ours naturalisé lors d’une performance au Musée de la chasse et de la nature à Paris. Pendant treize jours l’artiste hiberne dans le ventre de l’animal. En 2015, Abraham Poincheval réalise La Bouteille et entreprend de remonter le Rhône de Lyon jusqu’en Suisse dans une grande bouteille en verre dont l’entrée mesure 60 cm de diamètre.
Cette année, pour la Biennale d'art contemporain de Lyon, Abraham Poincheval souhaite marcher sur les nuages... Sources
Le spectateur se trouve face à une grande vidéo projetée sur un mur blanc. La vidéo est immersive par la taille immense de l’écran. Cette vidéo retranscrit certains moments clés de la performance de l'artiste. On y voit Abraham Poincheval muni d'un équipement qui rappelle celui des explorateurs. Il est muni d'un harnais, qui le relie à une montgolfière et un système de captation (notamment des drones qui permettent de le filmer durant sa performance). Cette machinerie conçue spécialement pour cette performance lui permet de « marcher » au-dessus et même parfois dans les nuages. On suit dans cette vidéo de 15 mn son aventure. Plusieurs paysages s'offrent à nous pendant cette promenade. Il n'y a pas toujours des nuages mais cela nous permet d'apercevoir à quelle distance du sol se trouve l'artiste. A l'image d'un randonneur, Abraham Poincheval monte un « bivouac ». Un extrait de la vidéo nous délivre ce moment plus intime. Filmé à l’intérieur de la tente qui elle-même est suspendue à la montgolfière, on voit l'artiste se préparer comme un explorateur qui part en expédition.
La plupart images tournées de nuit nous
délivrent le côté précaire et expérimental de cette aventure. Un air
d’harmonica joué par l’artiste durant sa marche céleste vient conclure la
vidéo.
Abraham Poincheval travaille en majeure partie en dehors de son atelier. Il invente des expériences itinérantes ou sédentaires pour découvrir le monde sous des angles encore inexplorés. Pour point de départ il se donne une action à réaliser aussi simple ou fantasque soit-elle, qui deviendra ensuite son protocole, sa ligne à suivre. Ici, pour ce projet conçu pour la Biennale, il est parti d'un rêve d'enfant : « Marcher sur les nuages ». Cette performance illustre l'accomplissement de ce rêve.
L'artiste se présente comme un aventurier, il aborde un accoutrement digne des explorateurs de territoire peu habités. Après avoir conçu et rassemblé l'équipement nécessaire il est parti avec une équipe de tournage pour filmer l'expédition. Pour que l'aventure soit possible il s'est rendu au Gabon.
Pour cette pièce, il explore les frontières, se confronte aux limites afin de mieux se connecter au réel dans ce nouveau territoire qui s'offre à l'homme. Ces performances lui permettent de questionner une autre forme de vie et d'adapter les gestes du quotidien. En se situant à hauteur des nuages, l'artiste nous donne un autre point de vue. Notamment sur notre place en tant qu'homme. Plusieurs plans vidéos nous présentent l'artiste de face, regardant le paysage qui s’offre à lui mais que l'on ne voit pas. D'autres scènes où l'on voit l'artiste durant son voyage, notamment lors de la pause dans la tente, révèle une introspection, un questionnement face au monde qu'il redécouvre à cette hauteur, tel un randonneur découvrant un nouveau sentier.
Cette marche invite le spectateur à se questionner sur la place qu'il occupe sur un territoire, un monde habité, un environnement animé par les relations qui s'y opèrent. En ce sens elle rejoint le titre de cette Biennale « Là où les eaux se mêlent », en nous invitant à penser notre rapport au paysage comme un enchevêtrement de relations. Il s'agit ici à la fois d'un voyage extérieur et intérieur.
GS Mat et primaire :
- Aborder la notion de rêve et de voyage.
- Pour les plus grands cette performance peut être mise en relation avec le siècle des Lumières et les premières inventions. Comment elles ont donné la possibilité aux hommes de découvrir d'autres territoires ou l’accès au savoir.
Collège / Lycée :
Cette performance peut être mise en relation avec le siècle des Lumières et les premières inventions. Comment elles ont donné la possibilité aux hommes de découvrir d'autres territoires ou l’accès au savoir. Les inventions et la technologie nous permettent d'avoir un autre regard sur ce qui nous entoure. Les technologies nous aident dans nos recherches et notre compréhension du monde.
Tout public :
- Le voyage, l'expédition.
Un article de Julie Pécune, médiatrice @ la Biennale de Lyon
Abraham Poincheval © Jean-Christophe Lett
Laura Geisler
Attachée de relation avec les publics