Felipe Arturo est né en 1979 à Bogota (Colombie), vit et travaille à Bogota (Colombie)

Felipe Arturo a réalisé ses études à l’université de Columbia (New-York) et il est actuellement professeur associé à l’université Tadeo Lozano (Bogota).Architecte et artiste, sa pratique emprunte des éléments à différentes disciplines telles que l’urbanisme, l’architecture et l’art, en relation avec l’histoire, l’économie et la géographie. Ses projets sont principalement des sculptures, des installations et des vidéos se basant sur des concepts tels que la structure, la séquence ou la matérialité. Son travail artistique propose une réflexion sur les traces des cultures anciennes et modernes se manifestant dans la culture contemporaine par des constructions techniques, des architectures de formes vernaculaires, des économies formelles ou informelles ou encore à travers le langage et ses formalisations verbales, poétiques et narratives.

Source

Œuvre :

Cette œuvre est composée de cinq plateformes et de deux écrans. Sur chaque plateforme de dimensions et de formes différentes, se trouvent plusieurs objets thématiques.

La plus grande plateforme est celle de forme dodécagonale, située au centre face aux deux écrans. Au sol, un trapèze peint au motif de damier s’élargie jusqu’à cette estrade. Ces carreaux créent un effet d'optique qui attire le regard vers cette plateforme centrale sur laquelle sont disposées des chaises originaires de plusieurs endroits du monde où le café est consommé : Éthiopie, Colombie, Arabie Saoudite et Europe. Le visiteur est invité à s’asseoir dans différentes positions pour visionner le film. Ce dernier raconte de manière poétique et fragmentée l’histoire de la migration du café, de sa production à sa consommation. Il a été filmé par deux téléphones portables fixés sur un compas en bois afin de proposer deux visions du même instant. Plusieurs discours s’entremêlent portés par une voix féminine : celui de la molécule de café, celui de la plante et celui de l’artiste. La voix originale est en espagnol. Il est possible de lire les sous-titrages dans quatre langues : en anglais, en français, en arabe et en amharique (la langue la plus parlée en Éthiopie). Derrière ces deux écrans est inscrit en lettres lumineuses le titre de l’œuvre. 

Deux plateformes se trouvent de part et d’autre de cette estrade centrale.
A droite, proche du damier, sur une plateforme hexagonale, se trouve une table sur laquelle sont posés des ustensiles en verre de chimie permettant l’extraction des molécules de café pour produire du coca cola ou des boissons énergisantes. Derrière cette plateforme, se trouve une estrade triangulaire fermée par des bâches de plastiques. A l’intérieur, quatre tours diffusent une odeur de café. Ces odeurs synthétiques font référence aux parfums créés pour inciter à la consommation ou à l’achat du café.
A gauche, proche du damier, se trouve une plateforme triangulaire fermée elle aussi par des bâches de plastique. A l’intérieur se trouvent un caféier, une table et un tabouret. Le visiteur est invité à entretenir un échange intime avec cette plante. Sur la dernière estrade, celle-ci de forme octogonale et située proche des écrans, se trouve une table sur laquelle sont disposés des objets en céramique couleur terre servant à peser ou séparer les grains de café ainsi qu’à les torréfier et à produire cette boisson.

Les différentes formes des plateformes font référence aux molécules de café. Le spectateur est invité à devenir acteur au sein de cette installation et à mettre en éveil ses sens pour mieux appréhender l’histoire, la colonisation et la perception de cette plante.

Démarche, contexte :

Felipe Arturo est un artiste et un architecte de formation.
Pensées de Caféine est un voyage à travers toute la chaîne de production de café, depuis la culture de la plante jusqu’à sa consommation.

Dans la cadre de Veduta, en association avec les habitants du quartier de la Velette et les élèves menuisiers et ébénistes du Lycée professionnel Georges Lamarque, ensemble ils ont réalisé une architecture nomade et de dispositifs conviviaux, Place Lyautey à Rilleux-la-Pape. 

A l’origine du projet, Felipe Arturo a rencontré une communauté ancestrale colombienne, vivant dans les montagnes, qui a adopté la torréfaction et la vente de café dans leur cosmologique depuis moins de 30 ans.

Le damier au sol évoque à la fois le sol d’un café, comme il est possible de le voir dans le film, la recherche de perspectives, mais aussi le jeu d’échecs qui a également connu une culture de migration et d’appropriation similaire au café.

Chaque arôme a été créé  en collaboration avec des chercheurs du Centre de recherche en neuroscience de Lyon.

Pour Felipe Arturo, le visiteur devient acteur au sein de cette installation, lieu d’expérimentation :

• Les chaises permettent au visiteur d’éprouver la relation de son corps avec le sol et de prendre davantage conscience de son corps. Cela diffère du théâtre où les sièges sont uniformes. Le fait d’éprouver son corps est une manière de conscientiser ce qui se passe et de se souvenir de l’histoire du café, élément souvent oublié lorsque nous le consommons.
  

• S’asseoir sur ces chaises réunis au sein d’un même espace, tout comme le fait d’échanger avec la plante, sont des manières d’illustrer à quel point le café est devenu affaire de sociabilisation et de rencontre
  

• Les rideaux en plastique qui enferment la plante et les odeurs, sont comme des lieux intimes où le visiteur est libre de choisir d’aller voir ou de ne pas aller voir.
  

Le dimanche 22 septembre 2019, sous la volonté de Felipe Arturo, une randonnée a eu lieu afin de relier ces deux projets : celui présent à Rilleux-la-Pape et celui à l’Usine Fagor. Prochaine randonnée : le 12 octobre 2019 pour faire le lien.

Une conférence sur la mémoire de l’odeur du café a eu lieu le samedi 14 septembre 2019 en présence des deux chercheurs du Centre de recherche en neuroscience de Lyon, Tao Jiang et Gérard Coureaud. Ils ont abordés la question des odeurs, la détection des stimuli (soit des molécules précises qui peuvent véhiculer un message, soit plusieurs odeurs comme par exemple le café) et la mémoire. Deux principales perceptions de l’odeur : la perception analytique (analyser le mélange des molécules) et la perception synthétique (odeur de quelque chose de complètement différents alors que chacune des molécules a une odeur complètement distinctes de celle obtenue).  

Références :

La production et la consommation mondiale (migration et colonisation de plantes)
L’histoire du caféier
Le caféier dans la serre du jardin botanique au Parc de la Tête d’Or

"Là où les eaux se mêlent" :

Cette installation permet d’aborder la question des flux économiques, de consommation, de production et de mondialisation. Par l’exposition des éléments en lien avec cette plante qui poussait en Ethiopie, il est possible de parler de la colonisation et de la place de cette boisson dans notre société actuelle. 

Questionnements pédagogiques :

GS Mat et primaire : 
Décrire l’installation et les différents objets présents sur chaque plateforme : chercher une thématique pour chacune d’entre elles
Eveiller les perceptions sensorielles du corps, de l’odorat et de la vue
Reconnaître un caféier
Aborder le cheminement de la production de la plante à sa consommation

Collège : 
Décrire l’installation et les différents objets présents Définir une thématique pour chaque plateforme et déterminer un lien entre elles et la plante (ex : pourquoi chaque plateforme a-t-elle telle forme ?)
Aborder le cheminement de la production de la plante à sa consommation

Lycée : 
Décrire et définir l’œuvre présentée
Apporter un lien entre cette installation, la plante et l’architecture du lieu
Aborder les questions de consommation du café : la mondialisation, la production des biens de consommation, l’origine et l’histoire du café, l’impact de cette plante sur notre corps et sa place dans notre société 

Tout public : 
Appréhender le caféier par les sens
Aborder les questions de mondialisation, colonisation, consommation, mixage culturel

Accessibilité public (PMR, œuvre sonore...) : 
Les personnes à mobilité réduite pourront découvrir le film et observer les différents objets servant à extraire des molécules de la plante ou de consommer le café.
Les personnes en handicap visuel pour écouter le film (en espagnol), et aborder la question de la consommation de la plante notamment à travers l’odorat et le toucher. 

Un article par Camille Martel, médiatrice @ la Biennale de Lyon

Questionnements pédagogiques