D’origine taïwanaise, Yu-Cheng Chou est un ancien élève de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. L’artiste critique vivement à travers ses œuvres les institutions et les mécanismes que produisent et reproduisent la société. L’artiste utilise sans cesse les mêmes éléments qu’il retravaille et transforme pour transmettre de nouveaux messages qui interrogent le spectateur sur les valeurs esthétiques, sociales ou encore économiques. Dans plusieurs de ses travaux, Chou Yu-Cheng explore les concepts d'hygiène et de technologie. À Hong Kong Art Basel, l’artiste présente une installation composée de bols et de baguettes gigantesques jonchées sur le sol dans un décorum d’une propreté immaculée. Plus loin, un robot aspirateur va-et-vient mécaniquement. Sources  

OEUVRE : 

Située en face et au fond de l’entrée principale de la halle 1 – visible derrière le double écran de Felipe Arturo depuis l’arche de Shana Moulton et à travers les ronces de Jean-Marie Appriou – l’œuvre de Yu-Cheng Chou se manifeste comme un gigantesque mur composé de balles de cartons compactées et empilées les unes sur les autres. Le mur délimite l’espace de l’exposition dans le fond de la halle, formant un angle et isolant un coin de cet espace. En tant que mur, on remarque qu’une peinture de Simphiwe Ndzube y est accrochée. Individuellement, les balles (ou ballots) de carton sont des cubes de cartons compactés, de 1,5 mètre de côté. On peut y apercevoir des éléments d’emballage de produits de la consommation courante. Ces ballots de cartons ont été obtenus au travers d’un partenariat avec le groupe Paprec spécialisé dans le recyclage et seront rendus après l’exposition afin de poursuivre leur processus de recyclage, puis vendus par l’entreprise comme nouvelle matière première. Il est enfin intéressant de mentionner le geste de l’artiste dans cette œuvre. En effet l’œuvre proposée par Yu-Cheng n’est à proprement parler pas matérielle mais protocolaire : elle réside dans la demande qu’il adresse aux commissaires et organisateurs de la Biennale 2019 d’utiliser des balles de cartons recyclées en guise d’élément scénographiques. Yu-Cheng se détache ainsi de la forme finale de l’installation bien qu’ayant orienté son esthétique par le choix du matériau.

Démarche, contexte :

L’œuvre s’inscrit dans une démarche de déconstruction et de révélation de l’économie d’un événement tel que la Biennale. De manière plus générale, il interroge la production et la reproduction de valeurs sociales, culturelles et marchandes dans nos sociétés et les relations qui lient les différents acteurs des systèmes qui les composent. Il s’attache à révéler des éléments qui sont généralement cachés et se propose ici de leur offrir une nouvelle fonction le temps de la Biennale. Yu-Cheng Chou emprunte habituellement des matériaux, ou fait intervenir d’autres acteurs (musée ou entreprise) dans la mise en place et la production de ses œuvres.

« Là où les eaux se mêlent » : 

La question des flux semble essentielle dans le travail de Yu-Cheng, flux économiques et relations entre les acteurs qui composent le cadre de nos sociétés occidentales. Son travail s’attache à les révéler. Ici, le monde de l’art rencontre celui de l’entreprise afin de produire un événement qui reproduit l’art mais aussi valorise l’entreprise qui y participe. Ainsi Paprec en tirerait un bénéfice social, étant citée dans le titre de l’œuvre de Yu-Cheng Chou.

PISTES PÉDAGOGIQUES : 

GS mat et primaire : Carton, recyclage, cube, empilement, construction. Une œuvre en accueille une autre.

Collège : Recyclage, réemploi, (ballots devient mur)

Lycée : Économie, histoire, circuit économique, capital social et culturel

Accessibilité public : Possibilité de toucher l’œuvre.

Un article de Jacob Lyon, médiateur @ Biennale de Lyon

Yu-Cheng Chou © Yu-Cheng Chou

Questionnements pédagogiques