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Laura GEISLER le 04/10/19
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Laura GEISLER le 02/10/19
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Laura GEISLER le 30/09/19
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Fabien BOULAY le 23/09/19
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Laura GEISLER le 30/09/19
Minouk Lim, Si tu me vois, je ne te vois pas, 2019. Courtesy de l’artiste et [of the artist and] Tina Kim Gallery, New York. © Blaise Adilon
Minouk LIM,
Si tu me vois, je ne te vois pas, 2019.
Installation d’un canal d’eau chaude et d’objets
Fagor, Halle 2
Minouk Lim pratique la vidé, l'installation, la musique, la sculpture et la performance. Elle prend comme point de départ le passé social et politique de son pays afin d'interroger les processus d'industrialisation et de démocratisation qui ont eu lieu dans la société sud-coréenne au cours des dernières décennies. Elle accorde une grande attention à la marginalisation et aux écarts générés par les soudaines démocratisations et industrialisation de la Corée du Sud. Par une approche inclusive, l'artiste coréenne embrasse différents domaines de l'histoire, de la politique, de la philosophie et de la littérature, en tirant une réflexion contestataire portée sur la remise en cause d'une forme de « quotidienneté » de la vie.
L’œuvre de Minouk Lim, produite in situ, est un canal d’eau tiède phosphorescente qui se trouve à l’entrée de la halle 2 des usines Fagor. Cette rivière est surélevée sur une grande dalle de béton et teintée d’une couleur jaune fluo obtenue à l’aide d’un dispositif d’éclairage LED. Dans ce canal, une sphère, telle une boule de flipper géante et réfléchissante, flotte et avance au gré d’un léger courant. Autour de ce canal, deux éléments sont disposés. Le premier est un morceau de costume traditionnel coréen tandis que l’autre est composé d’une sculpture d’une tête de chien et de petites bouées rondes. Les visiteurs peuvent se déplacer autour du canal et sont également autorisés à le traverser pour se rendre sur l’autre rive.
L’œuvre de Minouk Lim résonne avec l’importance des fleuves qui traversent la ville de Lyon : le Rhône et la Saône, et qui ont fortement influencés l’histoire et le développement de la ville.
La Guerre de Corée (1950-1953) et la partition de la péninsule est un traumatisme pour les coréens qui nourrissent encore, des deux côtés de la frontière hautement militarisée, l’espoir d’une réunification. La séparation des familles est le symbole de cette blessure collective. À l’image d’une frontière infranchissable, le lit de la rivière encercle complètement le milieu de l’œuvre et isole le visiteur qui la franchit.
Le détail de la sculpture d’une tête de chien aux yeux bandés présentée au bord de la rivière évoque la légende chinoise et coréenne du Tiāngǒu « 天狗 », ou « chien céleste » en chinois, par laquelle les astronomes chinois expliquaient les éclipses de Lune et de Soleil. Ce conte est à l’origine de la Fête de la Lune en Asie.
"Là où les eaux se mêlent" :
Cette œuvre, qui s’intitule Si tu me vois, je ne te vois pas, reproduit artificiellement une rivière ou un canal qui serpente dans un paysage plat. Sa couleur jaune fluo évoque aussi bien le souffre ou les eaux pollués des villes industrielles que l’une des couleurs les plus présentes dans les usines Fagor (traçages au sol, affichage des consignes de sécurité, machine, etc.). Cette rivière tiède, qui serpente lentement, rappelle ces flux économiques, ces relations humaines qui hantent toujours les usines Fagor et qui persistent dans la mémoire collective du quartier Gerland. L’iconographie de la rivière est aussi très liée à la ville de Lyon, qui est traversée par le Rhône et la Saône autour desquelles la ville a longtemps articulée ses activités économiques et commerciales avant de s’en détourner.
À la surface de cette rivière, Minouk Lim a disposé une boule de flipper géante qui reflète l’espace d'exposition de la halle 2 et qui avance au gré du courant. Métaphore du temps qui passe, elle se déplace lentement et s’inscrit dans une temporalité au ralenti
Sur les bords du canal, l’artiste a disposé deux éléments sculpturaux. Le premier est un morceau de costume traditionnel coréen utilisé lors de la Fête de la Lune, célébrant l’unité de la famille et le rassemblement. Sorte de clin d’œil à la tradition lyonnaise de production de la soie, ce costume sans corps évoque encore la séparation des familles et le souvenir d’un passé douloureux, notamment lors de l’occupation japonaise de la péninsule où ce costume faisait l’objet de détournements. Le second élément est la sculpture de tête de chien évoquant une légende ancestrale populaire en Asie.
Enfin, ce canal d’eau tiède, chauffé à 20°C, rappelle également les bains publics. À l’origine, l’artiste souhaitait que les visiteurs de l’exposition puissent tremper leurs pieds dans la rivière, ce qui n’a finalement pas été retenu. Par la couleur jaune et la vapeur qui émane de sa rivière notamment, Minouk Lim évoque l’idée de « réchauffer les mémoires ».
GS Mat et primaire :
Parler du paysage
Couleur jaune fluo qui rappelle les couleurs de la signalétique d’origine des usines
Référence aux bains publics
Collège :
Légende du « chien céleste »
Le costume qui est lié à la Fête de la Lune
Lycée :
Métaphore du passage du temps avec la boule de flipper
Absence et souvenir avec traumatismes de la séparation et de l’occupation
Tout public :
Mélancolie et poésie de l’œuvre
Référence aux bains publics
Absence et souvenir avec traumatismes de la séparation et de l’occupation
Accessibilité public (PMR, œuvre sonore…) :
Œuvre visible pour PMR depuis les côtés seulement
Relativement facile d’accès pour non-voyants
Pas de difficultés pour les personnes malentendantes
Un article de Jonathan Csato, médiateur @ la Biennale de Lyon
Minouk Lim © Minouk Lim
Laura Geisler
Attachée de relation avec les publics