NÉE EN 1988 À NAKHON SI THAMMARAT (THAÏLANDE), VIT ET TRAVAILLE À BANGKOK (THAÏLANDE)

Pannaphan Yodmanee est une artiste qui appartient à une nouvelle génération d’artistes contemporains thaïlandais. En 2017, elle s’est vue décernée le 11ème Benesse Prize à la Biennale de Singapour. Ses œuvres de explorent la philosophie bouddhiste, les thèmes permanents de la perte, la souffrance, la destruction et les cycles karmiques - de la naissance à la mort, à la renaissance -. Elle mélange dans son travail des éléments naturels comme des rochers et des minéraux avec des objets contemporains peints qui rappellent l’art traditionnel et l’architecture thaïlandais.

L’artiste Pannaphan Yodmanee fut dès son enfance, sensibilisé à l’art traditionnel bouddhiste par un moine de son temple. Au fil des années, elle acquiert une profonde connaissance de la philosophie et de la cosmologie bouddhiste (la science de l’origine et du développement de l’univers). Elle les met alors au service de ses œuvres ; d’immenses installations mélangeant tradition et modernité thaïlandaise avec d’objets naturels comme des roches et des objets industriels comme ici, pour la Biennale de Lyon avec des tuyaux en ciment. Les thèmes abordés par ses peintures murales sont multiples : ; certaines représentent de grands événements de l’histoire de l’Asie du Sud-Est, mais aussi la dualité des religions, entre paix et guerre, amour et violence… De plus, l’artiste vient créée ses proposes icones bouddhiste. Concernant les techniques utilisées : après avoir appliqué du ciment pour mettre en relief les parois des tuyaux, les peintures sont minutieusement appliquées aux pinceaux, puis grattés à la surface afin d’avoir un effet vieilli et ancien. L’utilisation du bleu, vivide, par exemple, représente la couleur de la sagesse. 

Œuvre :

Cette installation est composée de deux grands tunnels en béton, disposé en L au sol. Une pierre, partiellement couverte de mousse, est située à chaque extrémité du circuit. Une ouverture, rendant visible l’armature métallique, est découpée dans la paroi supérieure de chaque tunnel. Deux blocs de béton, semblant être extraits de ces cavités, sont suspendus : l’un est au-dessus de l’espace situé entre les deux tunnels, tandis que l’autre surplombe l’ouverture du tunnel de gauche. Le tronc creux d’un arbre est suspendu au-dessus de l’ouverture du tunnel de droite. 
A l’intérieur des tunnels et en levant les yeux sur les parties inférieures des blocs de béton, nous découvrons des fresques picturales représentant des icônes religieuses, des paysages, des symboles bouddhistes extraits de récits historiques. Au fur et à mesure de la déambulation, une iconographie multiculturelle apparaît. Le tunnel de droite avec l’arbre est consacré à la philosophie et à la pensée bouddhiste. Le premier gravât suspendu entremêle cette culture à la culture occidentale. Le tunnel de gauche ainsi que le deuxième bloc suspendu poursuivent cette association avec des figures classiques de la Renaissance italienne. 
Cet ensemble, constitué de canalisations souterraines et parsemé de fragments d’ornementations, renvoie à un paysage de ruines, que le spectateur arpente comme un spéléologue. 

Démarche, contexte :

Dès l’âge de 10 ans, Pannaphan Yodmanee est initiée à la peinture bouddhiste par un moine de son temple local. La peinture bouddhiste est au cœur de sa pratique. Elle s’intéresse particulièrement au rôle de la foi et de la religion dans la vie des hommes et la capacité d’encourager la paix et la joie tout comme la destruction, le conflit ou la violence.
L’artiste cherche à créer différents contrastes : entre le gris du béton et les couleurs de ses peintures, tout comme entre les cultures et références historiques qu’elle fait cohabiter.

RÉFÉRENCES :

Épisodes de la vie de Bouddha
Représentation de la pensée et de l’art bouddhiste
Grands récits historiques d’Asie du Sud Est : migrations et conflits
Imagerie chrétienne et occidentale : La naissance de Venus de Botticelli, La création d’Adam de Michel-Ange, Sainte-Catherine, une Vierge à l’enfant, une inspiration de l’oculus de La chambre des époux de Montegna

« Là où les eaux se mêlent » : 

Cette installation permet d’aborder la question de flux des idées et des croyances ainsi que les influences inconscientes de notre culture.  Son installation montre que l’actualité politique sociale et même spirituelle trouvent leurs racines autant dans le passé que dans le futur. Cette œuvre peut être reliée à une approche du paysage cosmologique développé par les commissaires.

QUESTIONNEMENTS PÉDAGOGIQUES : 

GS mat et primaire :
Identifier les icônes
Susciter la curiosité sur les récits historiques de ces différentes cultures 
Collège :
Décrire l’installation et la relation entre les éléments
Identifier les différentes religions et cultures
Apporter un regard critique : l’assemblage des éléments, ce que cette œuvre évoque, comment cette installation dialogue aujourd’hui dans notre société, etc. 
Lycée : 
Décrire et définir l’œuvre présentée
Apporter un lien entre cette installation et l’architecture du lieu où elle est exposée (échelle, histoire, volume, forme, etc)
Aborder la création artistique : l’artiste invité à créer une œuvre in situ, confrontation de deux cultures, l’œuvre face à l’histoire et à la politique, métissage culturelle et mondialisation
Tout public :
Décrire l’œuvre
Définir les récits historiques illustrés et créer des liens entre les deux cultures
Aborder les questions de temps, de perte, de dévastation tout en reliant ces sujets à notre actualité (problème environnementaux, conflits culturels, pratiques artistiques aujourd’hui, etc.) 
Accessibilité public :
Cette œuvre est accessible aux PMR à l’exception de la déambulation dans les tunnels selon leur handicap. Cette œuvre peut être visitée par des personnes en situation de handicap visuel, tout en axant l’expérience sur la dimension sonore (l’isolement ou le recueil sur soi à l’intérieur d’un tunnel).
Observer et distinguer les différentes matières
Définir l’œuvre présentée
Échanger sur les contrastes mis en valeur dans cette installation

Un article de Camille Martel, médiatrice @ Biennale de Lyon

Pannaphan Yodmanee © Pannaphan Yodmanee

Questionnements pédagogiques